Bicep – Isles

Le duo londonien Bicep composé de Matt McBriar et Andy Ferguson, tous deux originaires de Belfast, sortira son second album intitulé « Isles » le 22 janvier 2021 via Ninja Tune.

Après deux ans de travail, « Isles » entretient l’énergie de leur premier album « Bicep » (Ninja Tune, 2017), tout en approfondissant les sons, les expériences et les émotions qui ont influencé leur vie et leur travail, depuis leurs débuts à Belfast jusqu’à leur déménagement à Londres il y a dix ans. A propos du titre, ils déclarent : « nous avons des émotions très mitigées liées au fait d’avoir grandi sur une île. Vouloir partir, vouloir rester ». « Isles » est, en partie, une réflexion sur ces contradictions, la lutte entre l’expansif et l’introspectif, l’isolement et l’euphorie.

Le spectre musical auquel ils ont pu être exposés à Londres durant cette période a nourri la large palette sonore d’Isles ; ils citent la joie de découvrir les vocaux Hindi entendus par hasard sur des toits lointains, des bribes de chœurs bulgares dérivant de voitures qui passent, ou le fait de d’ouvrir Shazam dans un kebab dans le vain espoir d’identifier un titre de pop turque. Mais le temps passé loin de chez eux a également rendu le duo plus attentif sur ce qui les a poussés à passer d’une île à l’autre.

Pour ces deux natifs de Belfast, toute discussion sur les îles, les communautés et les identités aura également d’autres connotations, plus intérieures. Avant ce projet, c’était un aspect de leur vie dont ils hésitaient à parler. « Cela a toujours été un sujet non quantifiable pour nous », déclare Matt. « Nous ne sommes pas religieux, mais nous sommes tous les deux d’origines religieuses différentes. Il y a toujours eu beaucoup d’intérêt à ce que nous parlions de cette partie des choses au début, mais cela ne nous intéressait pas. Nous avons toujours pensé que l’une des choses que nous aimions dans la musique électronique c’était cette liberté que cela vous donnait de parler de ces choses ou pas. C’était une sorte de terrain d’entente. Je pense que nous avons pris pour acquis ce que cela signifiait à l’époque ».

« Isles » est, peut-être, une chance d’explorer ce contexte d’une manière qui ne se conforme pas aux récits obsolètes et sensationnalistes sur l’Irlande du Nord qui prédominent ailleurs ; pour ancrer ces expériences dans la réalité et réfléchir aux lacunes que la musique peut et ne peut pas combler. « Vous entriez dans le club et il y avait des gens des deux camps et ils se serraient dans les bras », dit Andy, faisant référence au Shine, un club très influent de Belfast où les deux se sont fait les dents musicalement. « Et la semaine suivante, ils étaient avec leurs potes à s’affronter dans des émeutes. C’était l’endroit le plus sûr mais, sur le papier, mais cela aurait dû être le plus dangereux ». Musicalement aussi, il trouve des échos de cette époque dans leur travail. « C’était comme être frappé à la tête avec un marteau », dit Matt, à propos des airs qui définissent cette scène et qui s’expriment dans les passages les plus crus et énergiques de « Isles ». « C’était soit une électro très intense, teintée d’Italo, soit une techno vraiment agressive ».

Atlas’, le premier morceau tiré de l’album, parle de ces racines. Le titre a fait une sortie remarquée en mars avec de nombreuses entrées en playlist, son énergie euphorique et son style doux-amer frappent d’autant plus en des temps incertains. C’est, comme Resident Advisor l’a dit, « une musique qui compatit avec vous tandis que vous essayez de danser vos angoisses ».

Le single ‘Apricots’ résume parfaitement ces influences disparates. Des samples de chanteurs traditionnels malawiens – enregistrés en 1958 et sortis via le label Beating Heart, dont les bénéfices sont destinés à soutenir le travail actuel de conservation de la musique de la Bibliothèque internationale de musique africaine – et une performance des années 1950 par The Bulgarian State Radio & Television Female Vocal Choir, entouré d’un bain chatoyant de synthés chaleureux, ses percussions simples et ces vocaux saisissants nous rappellent les frissons de la big room des raves des années 90, tout en évoquant quelque chose de perdu ou de mélancolique. Un sentiment parfaitement retranscrit dans la vidéo émouvante et déroutante d’‘Apricots’, réalisée par Mark Jenkin, fraîchement récompensé aux Bafta 2020 pour son film « Bait », ainsi que dans la pochette explosive de l’album, créée par Studio Degrau, déjà à l’origine de l’imagerie du précédent album de Bicep.

« L’album précédent a été écrit dans un endroit très joyeux et presque naïf », raconte Andy. « Sur votre premier album, vous pouvez enfin exprimer tout ce que vous ne pouviez pas sur une face A ou un EP. Mais, en tournant pendant trois ans, vous découvrez ce qui fait un bon morceau, ce qui dure ». S’appuyant sur cette expérience, les deux hommes voulaient que « Isles » soit un instantané de leur travail à cette période, plutôt qu’un album concept du début à la fin. Pour ce faire, ils ont puisé dans un énorme choix de 150 démos. Réduire l’album à dix titres fut donc leur premier défi majeur. « C’est l’élément créatif au début, entremêler des choses ensemble et improviser. Mais ensuite, vous arrivez à la phase suivante où vous racontez une histoire avec la matière que vous avez, pour lui faire dire ce que vous ressentez lorsque vous l’écoutez. C’est là que le morceau prend vie » déclare Matt.

« Sur un album, vous voulez avoir beaucoup de détails pour les gens qui écoutent à la maison », ajoute Andy. Ces détails sont partout sur Isles. Les polyrythmies footwork de ‘Saku’ et la voix douce de Clara La San tendent vers le UK Garage avant de plonger tête la première dans des synthés cosmiques. C’est un morceau qui demande et récompense de multiples écoutes, imprégné du courant mélancolique qui donne à Isles son effet cathartique. ‘Cazenove’, un autre titre fort, associe des éléments vocaux décalés à des cordes pizzicato mélancoliques et des synthés joyeux, s’alliant pour former tranquillement un paysage sonore rétrofuturiste, tantôt Studio Ghibli, tantôt Studio 54.

Ce son de globe-trotter s’est forgé lorsque leur rapide ascension a commencé. Au lancement de leur légendaire blog FeelMyBicep en 2008, cette humble collection de pépites d’Italo, de house et de disco est vite devenue un succès retentissant, attirant régulièrement plus de 100 000 visiteurs par mois. Puis, le blog a donné naissance à un label et à une série de soirées, propulsant le duo sur la scène internationale via des DJ sets recherchés qui reflétaient l’éclectisme de leurs sélections en ligne. Après le succès des productions pour Throne of Blood et Aus Music, Bicep a été signé chez Ninja Tune en 2017, où ils ont sorti leur premier album éponyme acclamé l’année suivante. Des morceaux comme ‘Opal’ – et le remix de Four Tet qui a suivi – ainsi que le premier single de l’album ‘Glue’, avec et sa vidéo emblématique dirigée par Joe Wilson, sont devenus des moments clés pour la musique électronique en 2017. La vidéo ‘Glue’ et la performance RA Live de Bicep, ont également été récemment incluses dans l’exposition « Electronic », présentée pour la première fois à la Philharmonie de Paris l’an dernier et plus récemment au Design Museum de Londres.

L’album a été suivi d’une tournée très réussie, avec des passages à Primavera, Coachella et Glastonbury. Le duo a vendu ses deux prochains spectacles à la Brixton Academy en quelques minutes, engendrant une liste d’attente de 10 000 personnes une fois que les billets aient été vendus.

Les plans pour une vaste tournée « Isles » en 2021 sont toujours en vue, le duo n’offrant que des indices cryptiques sur ce que cela impliquera. « L’album est la version destinée à être écoutée à la maison. La version live sera beaucoup, beaucoup plus forte », dit Matt.

L’industrie du live et des tournées étant en pleine évolution, Bicep a récemment joué lors d’un livestream unique – l’un des premiers du genre pour des artistes électroniques – diffusé sur 5 fuseaux horaires différents et regardé par des personnes dans plus de 70 pays, avec des visuels de Black Box Echo. Le duo lancera également son émission mensuelle FeelMyBicep Radio sur Apple Music en octobre, donnant aux auditeurs un aperçu de la musique qui a façonné l’univers de Bicep.

Bicep est également ambassadeur de Youth Music, une association qui œuvre pour changer la vie des jeunes à travers la musique et la production musicale. Tous deux jouent un rôle actif dans le mentorat des jeunes qui participent aux programmes de YM, reflétant leur propre désir d’apporter à d’autres le soutien qu’ils ont eux-mêmes reçu à leurs débuts.

 

Sortie le 22 janvier 2021 – Label : Ninja Tune

 

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Bicep – Isles
 
 

Tracklist

  1. Atlas
  2. Cazenove
  3. Apricots
  4. Saku (feat. Clara La San)
  5. Lido / 6. X (feat. Clara La San)
  6. Rever (feat. Julia Kent)
  7. Sundial
  8. Fir
  9. Hawk (feat. machìna)