Qui est Sergeï ? Un videur de boîte de nuit ? Un colosse au visage émacié qui parle avec un fort accent ? Un mâle blanc venu du froid, un peu rustre, qui vous piétine sans s’excuser ? Fausse route…
Sergeï c’est un personnage sans tête, un homme tronc aux bras musclés, d’une force titanesque et d’une sensibilité hallucinante dans lequel vient se loger la folie créative et bouillonnante de Lucie Antunes. Avec Sergeï, Lucie vient exploser les normes à grands coups de baguettes sur les lames de son marimba, de son vibraphone, les peaux tendues de sa batterie.
Sergeï c’est le projet furieux d’une jeune percussionniste qui a fait ses armes de façon plutôt classique : finaliste du concours international ARD de Munich en 2007, résidente de la Cité Internationale des Arts à deux reprises, lauréate de la bourse Marcel-Bleustein Blanchet pour la vocation, titulaire de plusieurs prix de conservatoire et d’un Master du Conservatoire National Supérieur de Lyon ou encore lauréate de la bourse Fondation de France « Déclic Jeunes ». En 2013, Lucie verse dans la pop et se trouve propulsée sur le devant de la scène aux côtés de Moodoïd, puis enchainera les projets pour d’autres à la batterie : Aquaserge, Yuksek, Susheela Raman.
Cette implication dans la musique des autres fait naître rapidement son désir de se consacrer à sa propre musique. A partir de 2015, elle crée des pièces électro-acoustiques pour illustrer les spectacles qu’elle met en scène : touche à tout insatiable, Lucie a un goût prononcé pour le bancal (Bascules en 2018), la voix des invisibles (Moi, comme une autre en 2016, Mémoires de femmes en 2014) et les formes les plus contemporaines du spectacle vivant. Lucie multiplie depuis, comme une nécessité, les collaborations avec des chorégraphes, performeurs, musiciens. De ces échappées belles naîtra Sergeï, une musique qui ne se veut pas plus savante, ni plus érudite ; juste une musique dont l’horizon ne cesse de s’élargir avec le dancefloor comme ligne de mire et la volonté clairement exprimée de se raconter sur un disque.
Lucie s’enferme alors dans son studio, rassemble ses instruments, convoque ses complices d’un soir et de toujours tel que Chassol, Vincent Segal, Halo Maud, Julien Gasc, avec cette idée trouble de fabriquer sans ordinateur ni artefacts une musique instrumentale et percussive taillée pour la danse et la nuit avec l’ambition de casser les frontières, bousculer les genres et rendre le dancefloor plus beau, plus doux, plus grand, plus intelligent et plus ouvert. La musique de Lucie ne se ferme à personne. Derrière chacun des titres qui composent son album se cache une histoire, quelque chose qui a été ressenti et vécu en silence et qui vient exploser sans fard. Elle est là, puissante et sensible, personnelle et intense. Elle nous prend, nous soulève, nous transporte dans l’espace et le temps dans les bras d’un colosse : Sergeï.
En écoutant Sergeï, on pense à un Terry Riley qui aurait mangé de la testostérone, un Steve Reich sous ecstasy, et plus généralement à tous les précurseurs de la musique répétitive. Une traversée sensorielle universelle qui nous fait découvrir de nouvelles matières sonores grâce au mélange de sons acoustiques, d’objets de récupérations et de sons électroniques.
Sur scène Sergeï est un monstre à six mains et trois têtes : Lucie Antunes (batterie, marimba, vibraphone, percu), Jean-Sylvain Le Gouic (du groupe Juveniles) au moog, prophet, percussion et modulaires et Franck Berthoux complice de toujours qui traite le son en temps réel sur scène.
Sortie le 4 octobre – InFiné & CryBaby
Lucie Antunes – Iceland
Tracklist
- Sergeï
- Blue Child
- Lettre à F
- Kalimāt
- Láska
- Iceland
- À Temps