Marie Davidson – Renegade Breakdown

Marie Davidson est de retour avec un 5e album, un nouveau groupe et un nouveau son audacieux « Renegade Breakdown », sur le label Ninja Tune.

Marie Davidson & L’Œil Nu est un trio composé de trois amis et collaborateurs de longue date partageant les mêmes racines, tous issus de la scène DIY montréalaise : Marie, Pierre Guerineau (tous deux époux et partenaires au sein du groupe Essaie Pas) et Asaël R. Robitaille. Attirés par l’idée de l’éternel retour, ils proposent un disque pop novateur qui s’appuie sur les principes de la musique de Marie pour créer quelque chose susceptible de plaire à une audience plus large. Avec de l’humour noir et des influences musicales diverses – de Fleetwood Mac à Kraftwerk, en passant par des classiques du jazz tels que Billie Holiday et Chet Baker – ils tournent tout cela dans des directions follement imaginatives.

Le titre, tout comme la pochette avec trois versions de Marie, sont un clin d’œil aux récentes expériences de Davidson, leadeuse, chanteuse, compositrice et joueuse de synthé de cette formation, et au voyage qui l’ont conduite ici. « Renegade Breakdown » est une référence aux années où elle a passé la majeure partie de sa vie sur la route, à naviguer entre les clubs et les festivals : les aéroports, les longues nuits, le matériel perdu ou endommagé – souvent seule, toujours avec son matériel à transporter. Illustrée en partie par la vidéo du site Resident Advisor pour leur série Between The Beats, elle a ouvertement exposé les réalités de sa vie en tournée et les conséquences que cela avait sur sa santé : faire face à des sentiments de dispersion et de désorientation et lutter contre son insomnie chronique, exacerbée par une transition sans fin d’un fuseau horaire à l’autre. « J’arrive dans ces états où je commence à tout remettre en question, et je me déteste », a-t-elle dit à RA à l’époque, « parfois j’ai l’impression de ne pas être à ma place. »

Ce projet arrive après son album de 2018 « Working Class Woman » (Ninja Tune) qui lui a valu de nombreuses éloges de la part des médias internationaux et qui figurait en bonne place dans de nombreux tops albums. Pendant ce temps-là, le morceau ‘Work It’ devenait un hit sur les dancefloors du monde entier, notamment grâce au remix de l’iconique duo Soulwax, atteignant plus de 10 millions d’écoutes et une nomination aux Grammy.

Dans le sillage de ce succès discographique, Marie Davidson a beaucoup tourné, à travers l’Europe et l’Amérique du Nord et c’est là que le point de basculement est arrivé pour elle. Epuisée par les cycles souvent destructeurs du style de vie des tournées, ce désenchantement pour la culture du club a déclenché son envie d’aller vers quelque chose de différent musicalement. A la fin de la tournée, elle a rediscuté avec Robitaille et Guerineau de l’idée qu’ils avaient eue l’année précédente : faire une musique inspirée de la pop – comme l’œuvre emblématique de la chanteuse française Mylène Farmer – et développer leur approche de la musique du point de vue des auteurs-compositeurs.

S’il y a une ambiance qui résume bien « Renegade Breakdown », c’est celle de 3h du matin durant une longue nuit, lorsqu’il est temps de commencer à mettre les classiques. « Nous voulions faire des chansons, comme la musique que nous apprécions ensemble depuis plus de 10 ans », dit Marie. C’est un retour à leurs racines qui est illustré par la chanson éponyme, un morceau complètement pop et addictif dans une veine unique, mêlant une production influencée par les années 80, la critique orale acerbe de Davidson et les chœurs entraînants. (Les paroles, dans un mélange de français et d’anglais, apportent un côté à la fois cool, sombre et drôle : « Oh au fait, il n’y a pas de faiseur d’argent sur ce disque / Cette fois, j’explore le point de vue du perdant.« )

‘Center of the World (Kotti Blues)’ est un autre excellent exemple de l’aspect distinctif de l’auteur-compositeur qui court tout au long de l’album. Débutant comme une ode à Kottbusser Tor à Berlin, un lieu avec une résonnance sentimentale puisqu’il a été au centre de la connexion du trio pendant leur temps partagé dans cette ville. Le son et les arrangements, dirigé par Robitaille, rappellent Pat Metheny et les arrangements acoustiques des cordes de Genesis.

D’autres parties sont plus proches de leurs racines respectives issues de la musique électronique. Sur ‘Lead Sister’, par exemple, qui a commencé avec une version MIDI d’une pièce du compositeur baroque Marcello, le résultat final est sombre et dissonant. L’humeur reflète le sujet des paroles de Davidson, tournant autour de Karen Carpenter, de The Carpenters, décédée des suites de complications dues à l’anorexie, et qui a subi d’intenses abus psychologiques derrière la façade souriante très américaine du duo. « C’est un sujet qui me tient à cœur », dit Davidson, qui s’est plongé dans l’histoire du groupe après avoir entendu parler de leur passé.

Porté par un beat électro français repensé, ‘C’est parce que j’m’en fous’ possède toutes les caractéristiques d’un morceau classique de Marie Davidson, ses paroles récitées en spoken-word critiquant fortement les idées préconçues sur le féminisme et la féminité. Et sur ‘Worst Comes To Worst’, ils embrassent leur amour du disco classique, bien que toujours repensé à travers une gamme de petites touches, comme des guitares metal hachées et réutilisées pour le pré-refrain, un clin d’œil à Daft Punk et la French Touch.

Toujours aussi subversive malgré ses déboires sur la route et décidée à prendre une nouvelle direction, Marie Davidson désirait renouer avec la camaraderie en faisant de la musique avec les gens qu’elle connait le mieux. Tous les 3 attirés par l’idée de faire les choses différemment, cette première vraie sortie en tant que groupe, après des années d’amitié et d’intérêts musicaux partagés, est une nouvelle étape pour eux. Dans le refrain répété de ‘Sentiment’ qui clôt l’album, Davidson chante : « Je sais que j’ai cette sensation. » Cet album évoque l’idée de suivre son instinct, de revenir à ses racines et de construire sur ces bases pour faire quelque chose de nouveau et de différent.

 

Sortie le 25 septembre 2020 – Label : Ninja Tune

Commander

 
Marie Davidson – Renegade Breakdown
 

Tracklist

  1. Renegade Breakdown
  2. Back To Rock
  3. Worst Comes To Worst
  4. Center Of The World (Kotti Blues)
  5. La Ronde
  6. C’est parce que j’m’en fous
  7. Just In My Head
  8. Lead Sister
  9. My Love
  10. Sentiment